Troisième rencontre

Pour la troisième rencontre autour de ce thème, nous nous sommes posés la question de comment Dieu parle à l’homme à travers la Loi et les Prophètes.

Pour un groupe il a été question de l’articulation entre la Loi et la Grâce dans la Bible et par la suite dans l’histoire de l’Église.

Luc 24, 44-49.

Dès la fin de la lecture du texte dans le groupe, une seule voix pour dire c’est Jésus qui parle ici donc Dieu.
Dans ce texte on parle de la Loi et des prophètes mais qu’est ce qui se cache sous ces mots ?
Jésus parle, il est juif et cite la TANAK au verset 44 « CE QUI A ÉTÉ DIT À MON SUJET DANS LA LOI DE MOISE, DANS LES PROPHETES ET DANS LES PSAUMES ».
La TANAK est composée :
- de la TORAH qui est lue tous les jours de l’année.
- des PROPHETES qu’on lit à certaines fêtes.
- des PSAUMES.
Cette division en trois parties pour les juifs date du IVème siècle avant J.C. et qui correspond au PENTATEUQUE.
Le CANON est une institution chrétienne qui date du IVème siècle après J.C. et n’est pas figé.
Pour les Juifs, parler par la voix de DIEU, par la LOI c’est redire l’Alliance entre DIEU et les Hommes
Les prophètes citent la TORAH, nous expliquent la manière de vivre l’ALLIANCE avec DIEU, nous redisent la FIDELITE de DIEU et l’appartenance du peuple de DIEU
Pour les chrétiens au XIXème siècle la loi est devenue ÉTHIQUE : FAIRE-NE PAS FAIRE , donc la prédication se résume à ce qu’il faut faire ou ne pas faire, sauf pour les protestants qui se réfèrent à la thèse de LUTHER « ma grâce te suffit »
Pour les protestants l’esprit prophétique domine au XVIIIème siècle (guerre des Camisards 1702-1704). Mazel et Cavalier étaient des prédicateurs sous l’inspiration du Saint Esprit, beaucoup d’idéalisme et de violence... En 1713 Antoine Court, pasteur formé à Genève, vient apaiser cette violence et faire taire les prophètes et organiser l’Église Protestante en France en une église synodale (1715).
Le christianisme aime les prophètes car les prophètes annoncent la venue de Jésus.
Réentendre la fidélité de DIEU, la GRACE
La torah : tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de toute ton âme et de toute ton intelligence. Tu aimeras ton prochain comme toi-même.
Qui est mon prochain ?

Petit tour de table autour de la parabole du bon samaritain (Luc 10 ; 25-37)
Cette introduction a été éclairée par une conférence de Thomas Romer du collège de France, donnée en Janvier 2021 aux étudiants de la faculté protestante de Montpellier et Paris et de la faculté vaudoise de théologie de Rome, elle a été publiée chez Olivétan dans la série « A voix haute » sous le titre « La formation des canons bibliques » publiées dans la collection « A voix haute », Volume 3.

Revenons à la discussion du groupe :
Le verset 45 (il leur ouvrit l’intelligence afin qu’ils comprennent les écritures) est très parlant pour nous car il nous invite à aller plus loin.
Comment Dieu nous parle ?
La loi est un enseignement, une orientation avec les 10 commandements. Un rappel sur les textes de la première rencontre (Marc 2, 27) : La loi est pour l’homme et non l’homme pour la loi.
Les prophètes c’est un commentaire, une mise en application qui attire l’attention du peuple. A signaler que les vrais prophètes appellent à la conversion.
Mais il faut se rappeler que Dieu nous aime et que son amour est gratuit et inconditionnel.
Dans notre texte il est fait références aux Psaumes (verset 44), dans le groupe les avis sont partagés sur ces textes qui sont écrits en « Je » ce qui peut déranger le lecteur alors que pour d’autres les images décrites peuvent faire réagir et peuvent correspondre à notre sentiment lors de la lecture. Ces images font réagir de générations en générations ce qui permet une continuité de communauté. 
Il est précisé que les citations du Nouveau Testament sont pour la plupart extraites des Psaumes.

Un autre groupe s’est interrogé sur le rôle prophétique du Saint-Esprit et de l’accueil qu’on fait de Celui-ci dans la vie de l’Église.

1 Corinthiens 12, 1 à 11 au sujet des dons spirituels.

Dans une première partie, rassurante :
verset 3 : »nul ne peut dire : Jésus est le Seigneur si ce n’est par le Saint Esprit »

la deuxième partie, fût moins rassurante ; Quel est mon don ?

Dans notre groupe, personne n’a bondi en revendiquant tel ou tel don ou, même plusieurs dons ! Humilité (Qu’un autre te loue et non ta bouche dit le proverbe ...) ignorance, inconscience, n’est ce pas plutôt aux autres de le reconnaître et ne pas sombrer dans un "professionnalisme" qui dévaluerait ces dons ?
Mais à force de chercher on s’est posé la question comment reconnaît-on que quelqu’un est animé par l’Esprit Saint ? Par une certaine approbation des autres ? par le fruit de l’esprit de Dieu cité dans Galates 6 ? reconnaissant tout de même que ces dons prestigieux cités dans le texte sont plutôt rares... Notre leader a cité 2 expériences de paroles de connaissance dans un groupe charismatique ainsi que la nécessité d’un accompagnement, et d’autres se sont sentis utiles dans des actions concrètes telles qu’au service du DEFAP (service de mission protestante), dans le scoutisme ou dans le service de l’Eglise...

Alors, où sont donc ces dons ? Parole de sagesse, de connaissance, la foi, le don des guérisons, le don d’opérer des miracles, la prophétie, le discernement des esprits, la diversité des langues et leur interprétation ? ils doivent être bien cachés quelque part puisque « l’Esprit les attribue à chacun en particulier comme il le veut » verset 11
Cachés en nous ? Peut être étouffés par notre tiédeur, notre ignorance, par notre entourage spirituel peu réceptif ?

On ne peut que faire notre comme une prière le conseil de l’apôtre Paul à
1 Timothée 4 :14 « Ne néglige pas le don que tu as reçu... »
et 2 Timothée 1:6 « Ranime la flamme du don que tu as reçu par l’imposition des mains sur toi » afin que le Seigneur réveille en nous ce qui a de meilleur pour l’utilité de tous !

Dans un autre groupe, c’est le rôle de Jésus par rapport à la Loi qui suscite l’intérêt. Comment aussi se situe-t-il par rapport aux autres courants judaïques de son temps, notamment les Sadducéens et les Pharisiens.

Matthieu 5, 17-20.

Nous avons été quelque peu désarçonnés par ces versets qui traitent de la question de la relation de Jésus avec la loi, mais où ne figure ni parabole, ni exemple.

Contexte : Jésus avait eu des ennuis avec les Pharisiens, trop scrupuleusement respectueux du moindre rituel et de la tradition orale.

Par conséquent, s’opposant aux Pharisiens, Jésus veut dépasser une stricte ritualisation de la loi. Il vient donner à l’homme une direction, un sens, pour lui permettre de mieux comprendre et de donner un sens à la loi.
Il affirme que le royaume des cieux reste ouvert à tous, même à ceux qui ne respectent pas strictement les moindres détails de la loi. Il convient de se demander ce qu’est le Royaume des Cieux : peut-être une forme de compréhension avec le cœur ? Ou bien notre comportement sur terre, primordial pour atteindre le Royaume des cieux ? Même si nous ne réalisons pas tous les objectifs fixés par la loi, nous pouvons au moins surpasser la loi des scribes, et accomplir humblement certaines choses.

Jésus énonce son programme et se présente comme l’interprète par excellence de l’ensemble de la révélation divine contenue dans la Loi et les Prophètes. Jésus veut accomplir la Loi, non pour l’abroger mais pour la parfaire : qu’elle devienne un guide et non des commandements à suivre aveuglément . 

Matthieu 22, 34-40

Ce passage se situe vers la fin de l’Evangile de Matthieu.

Les relations entre Jésus, les Pharisiens et les Sadducéens sont tendues.
« Apprenant qu’il avait fermé la bouche aux Sadducéens, les Pharisiens se réunirent. Et l’un d’eux, un légiste, lui demanda pour lui tendre un piège » versets 34-35 (TOB)
Puis, au verset 36, « Maître, quel est le grand commandement dans la Loi ? » (nos traductions sont unanimes)

Jésus leurs répond en citant les écritures :
- « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée », verset 37. (TOB) Deutéronome 6,5 : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de tout ton être, de toute ta force. » (TOB).
- « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » verset 39 (unanimité pour nos traductions)
Lévitique 19 : après une série d’interdits ou plutôt de bons conseils au verset 18 : « ne te venge pas et ne sois pas rancunier à l’égard des fils de ton peuple : c’est ainsi que tu aimeras ton prochain comme toi-même. C’est moi, le SEIGNEUR. »(TOB)
verset 40 « De ces deux commandements dépendent toute la Loi et les Prophètes. »

Fruits de nos échanges :
- Petites variantes pour nos traductions :
verset 34, « qu’il avait réduit au silence. » (Bible Second BS)
verset 35, « pour l’éprouver » (BS) et « pour l’embarrasser » (Bible de Jérusalem BJ)
verset 37 « de tout ton esprit » (BJ)

- « Le premier commandement, le plus grand » est envers Dieu, notre créateur.
Nous pensons à la devise de Jeanne d’Arc : « Dieu premier servi », devise difficile à suivre !

- « Le second, aussi important » est envers les autres, nos semblables.
Dans le Lévitique, si tu respectes les interdits, si tu suis les recommandations, « c’est ainsi que tu aimeras ton prochain comme toi-même. »
Jésus, lui, ordonne : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Il nous laisse libre de la manière d’aimer, de nous adapter à ceux qui ont besoin de notre présence, de notre compréhension ...

- Qui est mon prochain ? Celui qui est proche : voisin, ami, collègue, famille, … et aussi, comme le Bon Samaritain, celui dont je me fais proche. Nous devons donc aller vers l’autre pour lui faire du bien.

- L’aide peut être matérielle et aussi psychologique : écouter, rester discret, faire réfléchir, suggérer, prier … C’est délicat et difficile. Ayant peur de mal faire, on peut être tenté de ne rien faire.

- « Aimer comme soi-même ». Chacun est sa propre référence.
Ce n’est pas être égoïste, c’est plutôt : « Ce que tu souhaites pour toi, donne le aux autres »

- Amour de Dieu, amour des autres, est-ce le même amour ?
L’amour envers Dieu est vertical, filial : vénération, adoration, remerciement ...
L’amour envers le prochain est horizontal, fraternel : amitié, partage, don, pardon ...

- Le pardon, n’est pas l’oubli. C’est plutôt se réconcilier pour pouvoir à nouveau avancer ensemble. Cela peut être très difficile. Il faut passer au dessus de la blessure, au dessus de son amour propre.

verset 40 « De ces deux commandements dépendent toute la Loi et les Prophètes. »
Ces deux commandements existaient Deutéronome 6, 5 et Lévitique 19,18. Jésus n’est pas venu abolir la Loi mais l’accomplir 
Ce sont aussi les « dernières volontés » de Jésus.
Les disciples de Jésus, les premiers Chrétiens, et ceux qui nous ont précédés ont essayé de vivre comme des Justes en priant et en donnant généreusement l’amour reçu du Père. Suivons leur exemple

Fruits des recherches de l’une d’entre nous, sur les Sadducéens et les Pharisiens au temps de Jésus, d’après le site internet https://www.gotquestions.org/Francais/pharisiens-sadduceens.html

Les Sadducéens et les Pharisiens ne s’entendaient pas entre eux, mais ils vont s’unir pour perdre Jésus.
Dans le passage étudié, Jésus a « cloué le bec » aux Sadducéens. Les Pharisiens prennent le relais, ils contre-attaquent.
Paul devant le Sanhédrin réveilla la querelle entre les Sadducéens et les Pharisiens. Ceux-ci se bagarrèrent et Paul fut reconduit à la caserne (Actes 23, 6-10).