Deuxième rencontre

Dans la suite de notre programme sur « Comment Dieu parle à l’homme » nous allons voir que, dans la Bible, Dieu parle, parfois, à l’homme par le biais des songes. Cela semble être particulièrement vrai dans le livre de la Genèse à travers les personnages de Jacob et de Joseph. Toutefois, il y a des songes dans l’Evangile aussi, comme dans un passage de Matthieu ou un autre Joseph fait un rêve qui lui parle de Noël. A chaque fois ces rêves aident les personnages bibliques, et parfois d’autres, à voir plus clair dans la vie.

Genèse 28, 10-22
Dans ce texte, où il est question de l’échelle de Jacob, Dieu parle à travers un songe. D’une manière générale chez les peuples anciens la voie des songes est celle du lien avec l’invisible.

Alors que nous inspire à priori l’image de l’échelle où montent et descendent des anges ? Question qui ouvre le débat avant de reprendre le texte. Il y a de toute évidence un lien attesté entre l’horizontalité et la verticalité, la terre et le ciel. Etonnement néanmoins de constater qu’il ne sera pas question des anges … puisque Dieu parlera directement à Jacob. On peut griller les étapes et affirmer que l’échelle de Jacob pour le chrétien est le christ comme l’atteste l’évangile de Jean chapitre 1 verset 21 « vous verrez désormais le ciel ouvert et les anges de Dieu monter et descendre sur le fils de l’homme » …. Mais nous n’en sommes pas encore là.

Jacob est en fuite après avoir volé le droit d’ainesse à son frère : coupable, il mériterait même plutôt une punition et voilà que Dieu lui fait une promesse dont notre groupe s’empresse de revendiquer la postérité « toutes les nations de la terre seront bénies en toi et ta postérité » verset 14. Or cette promesse a déjà été faite à Abraham (Genèse 12, 2-3 et 22, 16-17), à Agar (Genèse 16, 10), à Isaac (Genèse 26,3). Nous retrouvons les trois grands thèmes de la Genèse : terre, descendance, bénédiction universelle, sans oublier la fidélité « voici je suis avec toi » verset 15. Alors, même si Dieu ne nous parle pas nécessairement dans nos rêves,… il nous parle dans ce texte et tous les autres textes de la Bible.

La réaction de Jacob à la promesse de Dieu divise notre groupe car si Jacob s’empresse de sanctifier, en l’oignant d’huile, la pierre sur laquelle il a posé la tête, s’il nomme l’endroit Béthel (maison de Dieu en hébreu), il ajoute « s’il me donne du pain à manger et des habits pour me vêtir » verset 20 et « si je retourne en paix à la maison de mon père alors l’Eternel sera mon Dieu » verset 22, réaction jugée mesquine (trop matérialiste et intéressée) par un membre du groupe. On peut noter que dans la mentalité de l’Ancien Testament les bénédictions terrestres sont des signes : Dieu rend à Job, troupeaux, femmes, enfants. Un participant note que Jacob maladroitement veut à son tour faire quelque chose dans une réciprocité reconnaissante. Plus globalement nous notons qu’il faut peut être avoir reçu pour pouvoir donner – le don de Dieu précède tout don.

Enfin le texte de Genèse 31, 10-13 nous renvoie à une réflexion sur Béthel. Dieu se manifeste à Jacob alors que ce dernier veut quitter Laban, son beau père qui ne cesse de modifier les conditions de son salaire : les brebis doivent être tachetées et quand elles sont tachetées elles devraient être rayées. De nouveau Dieu parle dans un songe… non sans humour… Jacob voit des boucs tachetés, rayés, marquetés… nul doute Jacob aura son salaire.. « car j’ai vu tout ce que te fait Laban » verset 12 et « je suis le Dieu de Béthel » verset 13. Voilà que Dieu se met à hauteur d’homme en consentant au projet de Jacob qui avait nommé le lieu maison de Dieu.

Le pasteur de préciser qu’à l’ordinaire on va au temple pour entendre une parole or dans ce texte la parole est antérieure, c’est parce qu’il y a eu parole que le temple existe…. Mais finalement n’en est-il pas de même pour tout temple ?

Genèse : 41, 1-32
« Les songes de Pharaon, que son entourage ne parvient pas à interpréter. »

Contexte.
Lorsqu’il avait été emprisonné, le grand échanson avait demandé à Joseph de lui expliquer son rêve. Joseph lui fournit une interprétation, et en échange demanda à l’échanson de se souvenir de lui. Toutefois, pendant deux ans, le grand échanson oublia Joseph. Mais à l’occasion des deux rêves de Pharaon, Joseph est extirpé de sa prison, afin de se faire la « courroie de transmission » de Dieu, et de décrypter les songes de Pharaon.

Le passage de la Genèse.
Nous avons remarqué l’étrangeté des deux rêves de Pharaon :
- 7 vaches efflanquées absorbent 7 vaches grasses.
- 7 épis secs, personnifiés, avalent 7 épis gras.
Notons que ces rêves tournent autour du chiffre 7, chiffre sacré dans la Bible, chiffre de la plénitude.

Ces rêves proposent une revanche des faibles sur les plus forts. En outre, les plus gros sont tellement obèses qu’ils perdent toute force et se laissent dévorer.
Ces rêves intègrent des éléments issus de l’agriculture et de l’élevage, activités essentielles à la survie, et qui peuvent nous faire penser au pain et au sang de l’Eucharistie.
Mais l’entourage de Pharaon craint tellement le dieu-roi (Pharaon), que personne n’ose avancer une interprétation des rêves, qui pourrait entraîner une mauvaise gestion de tout le royaume.

L’intervention de Joseph souligne que ces rêves ne sont pas de l’ordre de la prédiction (domaine des mages), mais d’un autre ordre : Joseph transmet une interprétation qui vient de Dieu (v 16, 25, 28 et 32). Et des efforts s’imposent pour décoder le message de Dieu.
D’autre part, une question mérite d’être soulevée : pourquoi Dieu choisit-il comme interprète un homme venu d’Orient, mettant ainsi en échec ses propres mages ?

Autres remarques faites dans le groupe  :
* Nous avons été étonnés par la répétition du récit
- la première fois par un narrateur
- la deuxième fois par le Pharaon devant Joseph
- la troisième fois par Joseph devant Pharaon pour interpréter son songe, annoncer les années d’abondance puis les années de grande famine.
Est-ce pour montrer l’importance du songe de Pharaon et de l’interprétation par Joseph

* Pharaon, le plus puissant d’Egypte, un dieu pour ses sujets, nous paraît assez sympathique
Il est troublé, inquiet, angoissé par ses songes, il veut comprendre, il est humain
Il fait entièrement confiance à Joseph, jeune hébreu, esclave en prison.

* Joseph est un homme de Dieu. Il parle au nom de Dieu : « Ce n’est pas moi, c’est Dieu … » (v 16),
« Ce que Dieu va faire … » (v 25 et 28) et « … c’est que la décision de Dieu … » (v 32)

* Les expressions « vaches grasses » et « vaches maigres » sont connues de tous, même si certains ignorent leur origine biblique.

* Certains d’entre nous ont vécu en période de pénurie et de restriction, (années de guerre et d’après guerre) puis d’abondance. On nous parle à nouveau de pénurie et de restriction.

* De nos jours, les politiques, les chefs d’entreprise … font-ils des songes ? Sont-ils troublés ?
Nous souvenons-nous de nos rêves ? Qu’en faisons-nous ? Voyons-nous la main de Dieu ?

Réflexion du groupe sur l’annonce à Joseph dans Matthieu 1,18-25

Nous avons examiné la succession des faits dans le récit : Marie est promise à Joseph. Marie enceinte est exposée aux rigueurs de la Loi et à l’humiliation publique. Marie et Joseph sont dans une situation difficile. La décision de Joseph qui veut la répudier secrètement va à l’encontre de la règle ordinaire, mais est une mesure de protection de Marie, parce qu’il est un homme « juste », c’est à dire plein de la miséricorde qui vient de Dieu.
Beaucoup de jeunes filles de la maison de David, à cette époque où on attend la venue proche d’un Messie, espéraient être la mère de ce messie compris comme « Fils de l’Homme » au sens des prophéties de Daniel 7

Il y a un avant et un après le songe.
Joseph écoute l’ange qui le rassure, qui va l’apaiser et lui révèle qui est cet enfant. Joseph est dépossédé de son privilège de donner un nom. Ce nom, il ne le choisit pas il est donné par l’ange : Jésus, en hébreu « Dieu sauve ».Mais il l’éclaire ; la conduite à venir de Joseph devient une évidence . Sa vocation est d’accepter (il fit ce que l’Ange du Seigneur lui avait prescrit ) et d’accueillir et d’accompagner Marie et l’enfant.

Dieu a parlé à Joseph , qui a répondu en confiance.
Et à nous, comment Dieu nous parle-t-il ?

Dans un deuxième temps, plusieurs d’entre nous ont témoigné de leur expérience. Ce fut un moment fort.
Il faut d’abord faire silence pour être à l’écoute de ce qui sera surprenant, inattendu.
Sans que ce soit contradictoire, la parole peut venir d’un long processus.

Nous avons fait une différence entre rêve et songe. Le rêve, que l’on oublie au réveil, est comme une mise au point dans notre cerveau. Le songe est plus profond, on s’en souvient et on éprouve de la joie. Comme Joseph, qui écoute, loin de se rebeller.

Témoignage : entendre clairement un appel, en entrant dans une église, de façon inattendue :
« J’ai besoin de toi », et répondre immédiatement « oui, Seigneur ».
Autre parole lapidaire entendue au milieu du bruit agaçant des nombreux enfants qui me dérangent : « Mais Je les aime , Moi. » Et en être changée pour toujours.
La Parole que Dieu nous adresse est parfois indirecte, par l’intermédiaire d’une personne ou d’un événement.

Dans le quotidien, la méditation sur les textes des Evangiles ou de l’Ancien Testament est toujours une manière d’être à l’écoute.
La meilleure sans doute.
Ainsi, dans la lecture d’un long psaume, soudain, un verset semble s’adresser directement à nous, aujourd’hui, et toute notre journée en est éclairée.